Une vie meilleure

Le mois de novembre 2022 a filé devant mes yeux à la vitesse d’un éclair. J’ai passé beaucoup de temps à Saige, un des quartiers de la ville de Pessac. C’est là, juste derrière le Campus Universitaire, pas très loin de chez moi. Ma voiture n’avait pas le temps de chauffer que j’étais déjà en train de décharger le matériel ou sous la pluie en haut de l’échelle. La batterie de mon vélo pouvait faire facilement plusieurs allers-retours et j’aurais même pu venir à pied. Je jouais à domicile. Saige est ce qu’iels appellent un quartier prioritaire de la ville, certainement parce que c’est une priorité d’y aller, de découvrir tout ce qu’il y a de bien ici et profiter de la richesse des habitant.es. De nombreux rebondissements et la météo chaotique a rendu cette expérience difficile mais aussi et surtout inoubliable.

Pendant deux ans, la compagnie LEA, équipe pessacaise de théâtre installé au cœur du quartier a travaillé sur ce projet. Après de nombreux groupes de parole appelés Liber’thé avec des femmes de l’ASTI (Association d’aide aux immigré.es) est né le spectacle « Ladies en Colère ». Afin de laisser une trace visible et pérenne j’ai été invité à cocréer une fresque dans le quartier en écho à la place des femmes. En plus de la réalisation, j’ai proposé de mener plusieurs ateliers : peinture, écriture, discussion, tout ça dans la lignée des Liber’thé et la continuité de ce travail de fond.

Afin de prendre le plus de place possible et de montrer nos créations à toutes et tous, nous avons eu l’honneur d’exposer nos travaux à la bibliothèque Pablo Neruda, objectivement une des expos dont je suis le plus fier dans ma vie.

Cette exposition s’est déroulée durant la quinzaine de l’égalité au mois de novembre de l’année dernière. C’est le fruit de nos exercices d’écriture et nos réalisations personnelles en atelier de peintures abstraites.

On ne pouvait pas s’arrêter là. Pour laisser une trace durable dans le quartier et dans l’espace public, la compagnie LEA a souhaité que je réalise une fresque. Le mur initial pour lequel j’ai été contacté correspond plus à mes envies actuelles mais de fil en aiguille, je me suis laissé amener sur la réalisation d’une œuvre sur un bâtiment. On l’a fait avec les moyens du bord. Malgré la météo catastrophique, nous avons trouvé l’énergie nécessaire pour aller au bout. Vous l’aurez compris, ça n’a pas été simple mais nous pouvons être fier.es de tout ça.

Nous avions des dizaines d’idées de ce que nous voulions réaliser sur ce mur. Pas simple de choisir. Il y avait aussi énormément de choses à dire. Après de longues discussions et à l’unanimité, nous avons choisi de représenter une série de sweat. Ce vêtement traverse les époques et surtout n’est pas genré. On en trouve à tous les prix, toutes les marques. C’est aussi un contre-pied à la publicité car ici c’est nous qui avons choisi ce que nous voulions écrire. La mixité est au cœur de cette réalisation. C’est une fresque créée par des femmes pour des femmes et pour tous.tes les habitant.tes du quartier.

En espérant que cette histoire vous a plu autant que nous avons mis du cœur pour la réaliser.