J’ai entamé cette peinture abstraite noire et blanche comme un combat face au support, une bataille avec moi-même. J’avais envie et besoin de ça à ce moment précis, sans me soucier de gagner la bataille, juste être présent là, me reconnecter avec mes émotions. Depuis plusieurs mois, il y a un grand nombre de changements dans ma vie. J’ai souvent hâte d’être au lendemain, pour tourner les pages supplémentaires, voir les choses avancer, vouloir déjà être à la suite.
Il y a quelques jours, j’ai rendu visite à ma nounou de quand j’étais petit. Presque vingt ans que je n’y étais pas allé. Lorsque j’ai passé le pas de la porte, j’ai eu ce sentiment que j’étais encore là hier. Je me suis revu enfant, il était presque 15 heures, je n’avais pas déjeuner, et elle m’a fait des œufs au plat, les mêmes qu’il y a vingt ans. Les odeurs, l’agencement des pièces, les couleurs sur les murs… Tout était fluide pour moi. Pas besoin ni envie d’observer : je connaissais déjà tout. Quelques heures plus tard, sur le retour de mon « chez moi », je n’ai cessé de penser à ces endroits où je me sens bien, toutes ces maisons, ces lieux et ces places qui ont marqué ma vie, qui ont guidé mes pas. J’ai questionné en story les gens sur Instagram. J’ai souhaité en parler en peinture parce qu’au fond : rien n’a changé.
J’ai réalisé une série de petites peintures à l’huile autour de questionnements de maisons, de lieux de vie qu’on a croisés dans notre parcours.
J’ai découvert cette maison tard dans ma vie, je l’ai connue grâce à ma femme, c’est là que vivait sa grand-mère, Amani comme on dit au Pays basque. J’aimais écouter ma belle mère m’en parler, j’y ai pensé des moments simples, même si au fond : pas si nombreux que ça. Mais, cela reste une période spéciale dans ma vie. C’était le début d’un amour, lequel, j’ai très vite compris ne s’arrêterait pas tout de suite. J’ai surtout appris à connaître cette maison dans les yeux de ceux qui y ont habité et passé du temps. Comme partout, il n’y a pas que de bons souvenirs. Un grand nombre de photos et de bibelots parlent à la place des gens, en disent long sur les Noel, les petits enfants et les vieux voyages.
Je n’oublierai jamais tout ça. Il y a aussi les trajets pour s’y rendre, la route l’hiver pour rentrer chez nous pizza sur les genoux, le cabot à nos pieds, les longues discussions sans fin, le chauffage à fond, les podcasts sur les affaires criminelles, les cigarettes qui s’enchaînent les unes après les autres fenêtres grandes ouvertes, les pins, la nationale et ses stations-service désaffectées, graffitées jusqu’au ciel. J’appréciais ces weekends, ces balades à la digue et les longs repas de famille le dimanche où ça parlait fort. Tous ces fragments de vie font partie de mon histoire comme tout un tas d’autres maisons et d’autres endroits qui remplissent l’étagère de mes souvenirs.
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