Poussières d’amour

« Paul, vous nous avez offert l’opportunité de sortir de l’Ehpad pendant une semaine entière en restant à l’intérieur. » Lorsque Claude a dit ça lors du bilan que nous avons fait le dernier jour j’ai pris conscience de ce qui venait de se passer.  J’ai eu l’immense joie de passer cinq jours à l’Ehpad La Louvière dans le cadre du festival 10emeart à Aurillac dans le Cantal.

Ce n’est pas simple de trouver les mots pour raconter une telle semaine si riche et intense. J’ai eu beaucoup de réactions en message. Je vous en remercie.  Après cinq jours intenses, le samedi, j’ai pris le temps pour rentrer à la maison, faire un bout en voiture avec la même musique en boucle et l’autre en train où les paysages défilent et se succèdent très vite par la fenêtre. J’ai pris le temps de me refaire le film des dizaines de fois. J’ai beaucoup pleuré.  J’arriverais chez moi dans quelques heures. La route se faufile au milieu des arbres sur la route nationale entre Aurillac et Brive la Gaillarde. Une fumée timide mais épaisse sort de certaines maisons. C’est l’automne. J’aime cette tristesse qui enveloppe la campagne et mon cœur par la même occasion.  J’ai même eu l’honneur de repartir avec le journal La Montagne en poche et un article qui parle dans les grandes lignes de notre histoire.  Sur mon contrat de base, je devais peindre des murs à l’extérieur mais dehors la météo est exécrable. Des torrents de pluie s’abattent sur la ville du parapluie. Je passe alors tout mon temps en intérieur aux côtés des résidentes et résidents. Même s’il y avait eu la présence du soleil je ne vois pas comment l’inverse aurait été possible.  Ça me donnera l’occasion de revenir quelques jours lorsque la météo sera de notre côté même si je le répète elle a, à mes yeux, fait le meilleur choix su cette session.  Nous la remercions sincèrement.

Quand je repense à tous les moments vécus ces quelques jours à la résidence La Louvière je me rend compte de la chance que j’ai eu de vivre et de partager tout ça en si peu de temps. Chaque instant prenait l’aspect d’une colonie de vacances, un moment suspendu comme si nous nous connaissions depuis toujours et comme si tout cela n’allait jamais s’arrêter.  Le brouhaha des conversations dans ma tête est perpétuel. Le quotidien se remplit vite d’habitudes et de rituels que l’on voudrait ne jamais voir s’arrêter. Les repas partagés, les goûters, les litres de sirop de cassis, les discussions, la découverte les un.es des autres, les pas dans les couloirs, les tasses de thé qui manquent à l’appel, les habits dissimulés un peu partout dans la salle d’animation, les premiers bonjours, les ateliers peinture, la pluie par la fenêtre en image de fond.  Tout un tas de prénoms et de visages restent là quelque part coincé dans un coin de ma tête et tapissent les parois de mon histoire. Ils sont punaisés, rangés avec soin et rien ne pourra les retirer. Il y a aussi la danse de fin, la mousse au chocolat, l’île flottante, l’atelier avec les deux chefs cuisiniers, la pause thé et petits carrés de chocolat avant de reprendre l’après-midi, la première visite des lieux, les rencontres inoubliables, les résidentes, les résidents, les familles… et tant de choses encore gravées dans nos crânes. La saison 2 de Paul Peinture à La Louvière est annoncé pour 2024, les dates n’ont pas encore été communiquées mais c’est dans les tuyaux. Affaire à suivre.

remerciements

D’habitude, j’aime bien terminer les remerciements avec les personnes qui ont participé activement au projet en question. Mais j’aime aussi pas mal chambouler les habitudes alors cette fois je vais faire l’inverse. Merci un million de fois aux résidentes et résidents de l’Ehpad La Louvière. Je suis tellement heureux de vous avoir rencontré, tellement heureux que nos chemins se soient croisés. Merci infiniment à toutes les résidentes et tous les résidents pour l’accueil et bien sûr les journées inoubliables qu’elles et ils m’ont fait vivre. Merci pour le partage, l’amour, la passion, nos échanges, tous les moments simples de vie que nous avons passé ensemble. C’était magnifique.

Ce projet est en partie dédicacé à Simone, Michelle, Rémi, Émile, Michel, Thérèse, Marie, Liliane, Marinette, Claude, Marie, Marie-Louise, Josette, Simone, Marie-Thérèse, Aline, Andrée, Milo le chat et toutes les personnes accueillies à l’EHPAD La Louvière.  Je passe inlassablement en revue les photos que j’ai soigneusement sélectionnées dans mon ordi comme après une semaine inoubliable hors du temps, comme quand la fin des vacances est là, que nous sommes sur le retour et qu’on reste en boucle comme un disque rayé sur les mêmes images.  Les émotions débordent chaque matin jusque dans la rue. Encore aujourd’hui, il n’y a pas un jour où je ne pense pas à vous. Les bons moments se sont succédaient sans trêve. On aimerait toutes et tous que ça ne s’arrête jamais.  Le dernier moment de la semaine restera gravé pour toujours. Le moment de danser. C’est l’heure de la fameuse boum de fin de projet. On propose à toutes et tous d’ambiancer la piste comme si nous avions vingt ans. Et croyez-moi, ce n’est certainement pas un fauteuil roulant ou une guibole un peu défectueuse qui nous contredira pour cette action qui me tient à cœur. Des spots multicolores habillent chaque angle de la pièce et les musiques que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître défilent.

Encore un immense merci à Gwendal Le Berre, directeur de la résidence La Louvière et toute son équipe pour m’avoir accueilli avec joie et enthousiasme. C’était trop chouette.  Merci infiniment à toutes les équipes soignantes. J’espère avoir réussi à me faire assez petit pour ne pas vous déranger dans votre quotidien et assez grand pour le changer un peu.

Merci Mr Vincent Pietri et l’incroyable 10ème Art Festival pour m’avoir compté parmi la sélection d’artiste de cette édition. Ça fait toujours du bien de prendre l’air dans le Cantal.

Merci au journal La Montagne pour l’article dans le journal, trop fier et heureux, si vous vous voulez bien exhausser un vœu qui me tient à cœur, la prochaine fois je préfèrerais une photo de groupe.

Merci à toutes les personnes que j’ai croisé pendant la semaine, aux familles.

Merci à toute l’équipe du Centre Social Cap Blanc à Aurillac. Merci pour votre visite et les petits moments partagés ensemble.

Pensée à Didier Leboulch, sa douce et tendre épouse et aussi son boucher parce que c’est important et je salive encore de ce que nous avons mangé.

Ah si, quand même, je vais revenir à mes habitudes en terminant par deux personnes sans qui tout cela ne serait pas arrivé. Merci mille fois aux deux animatrices en or avec qui je pense nous sommes sur la même longueur d’onde. A mes yeux, animatrice en Ehpad est le métier le plus difficile et si important. Être dans l’ombre et à la fois une pièce maitresse d’un lieu. Alors, je tiens à faire le plus grands des mercis à Sophie et Émilie les formidables animatrices, porte du fond au 3ème étage.

témoignages

VINCENT PIETRI – FESTIVAL 10EME ART

« Ces 5 jours sont la partie émergée du projet, ils sont passés vite sur la semaine tout en conservant des temps longs jour après jours. Le lien s’est créé naturellement au fil du projet par l’énergie que chaque intervenant y a insufflée. Une envie commune de bien faire, de proposer une fenêtre se transformant en baie vitrée, un réel intérêt porté aux participants qui deviennent le sujet principal, la source d’inspi et non le prétexte à la valorisation d’un ego.

D’un point de vue extérieur qu’est ce que ça apporte aux résident/es mais aussi à vous la direction, les animatrices, le festival 10ème art et toutes les équipes (aide soignante / cuisine / femme de ménage et de chambre / administration…)

Ce projet est une réponse aux valeurs que nous transmettons et qui font partie de l’ADN de l’association. Étant très attaché aux méthodes de transmission, la démarche de projet globale est en complète adéquation avec ce que nous souhaitons véhiculer  auprès des différents publics avec lesquels nous intervenons.

Ce projet est la matérialisation d’un temps long de préparation. Chaque ingrédients est soigneusement choisi pour que la recette fonctionne et embarque tous les participants dans une belle aventure. C’est ma vision de la créativité et de ce qu’elle apporte. Une réelle découverte des émotions et de comment leur faire prendre forme. J’ai aimé sentir la maison de retraite se transformer en une maison tout simplement, dans laquelle des personnes nous attendent au quotidien, avec qui un lien se tisse et ressentir que nous sommes tous heureux de se retrouver.

Auriez-vous des anecdotes ou des moments à partager ?

Quatre générations réunies sur une photo pour figer un moment aussi inoubliable devant que derrière l’objectif, l’intervention d’urgence de Paul Peinture se transformant en Paul plomberie dans la salle de bain de Simone…

Merci Paulo, tu as été à la hauteur de l’inattendu et de l’aventure humaine Generation (S) Pictura. »

3 réponses

  1. Paul est une personne très humaine. Nous avons pu apprécier ses nombreuses qualités. A l’unanimité, nous nous accordons à dire que Paul est gentil, patient, intelligent, drôle, franc, bienveillant, simple et accessible. Et d’un point de vue artistique, il a fait preuve de beaucoup d’enthousiasme dans ses peintures.
    Nous retenons également sa constante bonne humeur et son humour communicatif. Il a quelque chose de particulier en lui. Il a su nous donner le sourire et captiver naturellement chacun d’entre nous, résidents comme salariés.

    Cette semaine passée avec lui était à la fois très agréable, dense, unique et inattendue mais à la fois trop courte. Quand on se plait avec quelqu’un, on voudrait le garder plus longtemps. Nous étions dans une « bulle », nous n’avions pas le temps de penser à autre chose, il a embelli notre quotidien dans lequel il s’est complètement intégré. C’était très généreux de sa part de venir s’occuper de nous, de nous distraire. Il est arrivé à nous mettre tout de suite en confiance.

    Nous avons partagé avec lui des moments qui nous ont sorti complètement de notre ordinaire : c’était une ouverture sur un monde peu connu de notre génération et que nous avons eu plaisir à découvrir. Cela nous a captivé, c’était quelque chose d’unique. Paul a déclenché quelque chose en nous, par la peinture et par les mots, et il a su valoriser chacun d’entre nous. Il a apporté aux résidents bien plus que simplement embellir les murs de la structure.

    Certains moments passés avec lui restent gravés dans nos mémoires : les repas partagés avec nous avec sa traditionnelle chanson de mise en appétit, sa participation à la messe du vendredi (« ce n’est pas tout le monde qui va à la messe ! »), les danses lors de notre boom… Nous vivons beaucoup à l’intérieur et Paul l’a bien compris et y a vécu avec nous.

    Paul était en plus de cela très serviable, il a n’a pas hésité à nous aider dès que nous en avions besoin : « problème d’évier : c’est pas grave ! aussitôt il le répare ! », «problème de table bancale : et hop une cale ! ». Il ne donnait pas l’impression de trop en faire, pas de manières pour être gentil, c’était naturel. Il s’intéressait sans se montrer trop curieux et connaissait la limite pour ne pas poser de questions embarrassantes. Nous avons trouvé en lui un véritable ami et pourtant ce n’est pas souvent que nous en trouvons un, surtout chez les plus jeunes. Il n’y avait pas de barrières, nous n’avions pas honte devant lui. En fait, nous oubliions que nous étions vieux et que nous n’étions pas de la même génération.

    Une semaine marquante également par ses temps de créativité : des moments privilégiés avec Paul en individuel, au salon ou en chambre, accompagné de son chariot « fantastique », qui ont beaucoup plu aux résidents comme aux salariés. Mais également des temps en groupes où Paul a subtilement inclus les visiteurs venant à l’EHPAD jusqu’à regrouper 4 générations d’une même famille. Des parenthèses inoubliables et enrichissantes où chacun a pu s’exprimer, échanger et partager par l’écriture et la peinture.

    « Pour une fois on ne se sentait pas vieux, Paul nous voyait tels qu’on était, avec nos sensibilités, nos particularités, nos caractères, sans distinction de classe sociale ». Il a rendu l’art accessible à tous, même au moins connaisseurs. Avec lui tout devenait facile. Cela n’aurait pas été lui, cela aurait été différent. Il donnait une réelle envie de le faire et de participer.

    C’était un grand plaisir d’avoir été associé à ce projet et d’y avoir participé. C’était une véritable réussite. Nous souhaitons à Paul de réussir dans tous ses projets à venir, comme cela s’est passé dans notre EHPAD, il le mérite. Cela faisait drôle de voir qu’il était parti. Nous espérons qu’il revienne s’occuper de nous un jour, nous le retrouverons avec plaisir.

  2. En chambre, dans les espaces collectifs, les espaces accessibles seulement aux salariés, à la salle d’animation, dans les couloirs… Paul est allé partout comme aucun autre intervenant, n’oubliant personne et incluant jusqu’aux salariés les moins impliqués dans les projets habituellement : cuisiniers, agents, infirmières et soignants, lingères, animatrices, bureaux, masseuse… Ce n’était pas seulement un projet pour les résidents, il a réussi à toucher tout le monde.
    Grâce à sa personnalité rayonnante et bienveillante, sa constante bonne humeur ainsi que sa compréhension et son implication au quotidien de l’EHPAD, les salariés ont été intrigués et sont venus d’eux-mêmes voir l’avancée du projet, poser des questions et ont volontiers apporter leurs propres touches aux différentes œuvres.
    Lorsque la semaine s’est clôturée par la boum, certains salariés étaient également présents -et ce malgré leur charge de travail-, pour profiter de l’ambiance conviviale avec tout le monde ainsi que pour remercier Paul et lui dire au revoir (en lui laissant un dernier petit souvenir : un gobelet avec leurs signatures). Une implication unique et symbolique qui témoigne l’affection et la reconnaissance des salariés à l’égard de Paul.

  3. Paul est unique et marquant par sa façon d’être. Il y a des personnes qui marquent à jamais dans notre vie et avec qui dès les première minutes nous nous sentons bien. Il en fait partie…
    Plongés dans une bulle, hors du temps, pendant presque 1 semaine, Paul, par ses nombreuses qualités avant tout humaines et bien sûr artistiques, a créé naturellement une atmosphère unique, simple, chaleureuse et bienveillante, basée sur le partage le respect et l’échange, incluant chaque individu et n’oubliant personne.
    Paul, personne singulière, donne confiance en l’humanité et rappelle que l’être humain peut être vraiment merveilleux. Nous ne pouvions que verser une larme ou deux à son départ…
    Merci pour tout, tous ces moments uniques partagés et surtout continue à faire aussi naturellement ce que tu fais, si bien.

    P.S : Nous conseillons vivement une maison secondaire au vert dans le Cantal 😉

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