Vendredi 18 juillet 2025. Bordeaux. Les affaires sont prêtes. Je taille des crayons. C’est bientôt le départ. Derniers coups de fils. Je m’assure que tout va bien.
La semaine va passer plus vite que toutes les heures et les journées de préparation, plus vite que la musique, qu’un clignement d’œil, beaucoup plus vite qu’une part de crèmes aux œufs dans une assiette, même deux, même trois… Cette semaine va passer beaucoup plus vite que les autres semaines de l’été. Il va falloir tenter d’être là pour de vrai et ne pas se laisser déconcentrer par l’extérieur. Même si j’ai un peu d’expérience, j’ai carrément les chocottes.
Puis, nous sommes le lundi. Départ et arrivée sous la pluie. Route, aire d’autoroute, crocodiles qui piquent. Discussions sans effort, sans gêne. Simple. Je crois que je parle trop dans l’habitacle. Puis, canapé et fauteuil orange, les éoliennes, les herbes hautes, les fleurs dans les fossées, les vieux tracteurs robustes marchent tels des funambules sur le fil d’horizon, la paille, le tapis noir à l’étage, des photos, certains mystères et d’autres qui nous sautent au visage. Des posters, des post it, des trucs et des choses. Ma caravane n’a pas bougé. J’ai hâte des petits déjeuners, qui ne sont pas si petits que ça d’ailleurs. J’ai hâte qu’on se connaisse mieux. J’aimerais que certains moments tournent en boucle comme un disque rayé.
Ça bouge déjà dans la cuisine de Max, avec Adèle son assistante, assistante de rêve. Certains repères sont là. Les guirlandes de guinguette tapissent le plafond et le ciel comme des gommettes. Le sourire de Jalila prend toute la place mais n’encombre aucun espace. De la pluie encore et de la soupe toute chaude pour les premiers jours. Je ne pouvais pas rêver mieux. La bibliothèque du bureau pourra nous inspirer avant que les chiens se taisent. Des notes de piano, des blanches et des noires. On relie nos idoles. On crée des liens. On tire des fils. On déroule des bobines.
Ma peluche et mes livres me rassurent. Des gestes inattendus et des mots justes. Ce ne sont pas juste des mots. « Tout commence quand tout s’arrête. »
Par la suite arrive nos prénoms et nos noms de famille. On les écrit avec fierté en bas de nos œuvres ou sur la couverture de nos carnets. Les émotions montent. Fort. Grâce à vous mon travail prend du sens. J’existe. Je crois que vous aussi. C’est beau et ça tape fort dans le cœur.
On bavarde, on rit et on pleure et j’éteindrai la lumière. Jusqu’au lendemain matin.
En entrant dans l’âge adulte, il y a quelques mois déjà, j’étais terrifié à l’idée de perdre mon insouciance et mes croyances. Certaines de mes valeurs même. J’ai eu peur. Peur que l’on m’impose de trouver un métier qui ne me corresponde pas. Pire : de changer de vie. J’ai eu la trouille qu’absolument tout devienne banal, ennuyeux à crever et sans aucune saveur.
Je me suis fait la promesse que ce n’est pas moi qui dois changer de vie mais la vie s’adapter paisiblement à moi. Ce n’est pas aussi simple que ces quelques mots.
Je me suis dit que j’allais coûte que coûte continuer de fabriquer des instants, des cabanes, des refuges. Le Melting-Pot en fait partie et le stage d’été aussi. Quoi de mieux que de trouver des places où l’on a seize ans à tout jamais, le temps d’une journée, d’une semaine entière ou simplement une heure lors d’une soirée remplie de questions.
Chercher continuellement une autre manière de faire groupe, la meilleure des façons d’être moi. Je veux continuer d’habiter cette planète mais élargir les possibles. Enfin être dans des habits à ma taille. Je veux continuer d’aimer, de rire, d’apprendre. Comme m’a dit un jour ce vieux pote : « les gars comme nous, on n’est pas là pour trouver mais pour chercher. » Ça prend du temps. Je chercherais toute ma vie. En revanche, il y a une chose que j’ai trouvé : des personnes exceptionnelles et des histoires incroyables. Cette fois, et encore, je suis reconnaissant à l’univers de m’avoir mis sur la route des dix personnes qui ont participé à la troisième édition du stage d’été. Quelque chose nous lie à tout jamais. C’est une certitude.
Je vous partage quelques photos, ces quelques mots, peut-être un peu bancals. D’autres viendront, j’en suis sûr. Je l’espère. Je les attends sagement en écoutant un peu de musique et en regardant dans le ciel. Les nuages construisent des tableaux à l’aide du vent.
Prenez soin de vous, entourez-vous des bonnes personnes, profitez, soyez tranquille, je n’éteindrai la lumière.
Merci infiniment le Melting Pot. Merci Max pour tout, pour le café du matin, les discussions qui vont avec, tous les repas et bien sûr crèmes aux œufs et flan tahitien tant attendus. Merci Arthur et Adèle, un bonheur de vous voir grandir au fil des saisons. Merci Emilie, pour tout vraiment, la douceur de nos échanges et la confiance que tu m’accordes. Impatient de la suite.
Je crois que l’édition que j’appréhendais le plus était la troisième. Maintenant qu’elle est passée, c’est officiellement parti. Et rien ne nous arrêtera.
J’aime beaucoup ce sentiment de se retrouver chaque année et comme nous l’a si bien décrit Florie c’est comme si nous étions avec notre classe de seconde, une trousse remplie de Stabilo de toutes les couleurs, des sourires, des histoires et des envies de se retrouver tous les week-ends pour écrire un peu plus de nos histoires. Merci à toi d’avoir vécu ça avec nous. Camille, j’espère que tu as pu malgré tout te créer quelques souvenirs et que tu garderas que le meilleur. Belle et douce pensée pour Bikini, petit chat d’amour.
Céline, je te souhaite que ton futur soit doux et comme je t’ai dit : ce n’est pas à toi de changer mais aux autres. Merci pour ton humour, ta gentillesse et ta bienveillance. Très chère Catherine, c’était trop beau de t’avoir parmi nous. Je t’attends à Bordeaux quand tu veux pour fumer une mentholée ou refaire le monde.
Mon Marty, tu as rempli tous les espaces vides de ta playlist toujours parfaite, et je n’imagine pas une suite sans toi. Signé : ton coiffeur, barbier préféré. J’ai hâte de voir les virages que tu prends tel un motard sans peur et voir ton art grandir même si je le trouve déjà immense. Je t’ai partagé mes doutes le premier soir. Ce stage est la preuve qu’avec un peu de temps et des gens bienveillant tout est toujours bon.
Chère Nadège, je ne regrette pas une minute d’être venu te parler à l’expo et encore moins d’avoir défendu ce stage au téléphone pour que tu t’y inscrives. Des trajets à la perfection pour accompagner départ et retour. Des rires, des pleurs, de la vie. Merci pour tout ça.
Merci Lucie de t’être laissée porté et embarquée dans cette mascarade artistique. J’espère que nous n’avons pas trop peint. Je crois que tu as bien compris que ton poulet curry est un des meilleurs trucs du stage aux yeux de toutes et tous. J’espère maintenant que nous aurons l’occasion de nous voir et revoir pour continuer d’écrire toutes les parenthèses ouvertes.
Fiona, c’est comme ça qu’on veut te voir, cheveux aux vents et toujours à l’affut d’une boîte à questions. Merci pour toutes tes attentions et tes prises de parole. Hâte de se retrouver ici ou là.
Jenna, même si je n’ai pas fait de yoga cette année, tu sais ce que je pense de cette édition et de ce qu’on a vécu. Tu vas me manquer fort mais on se voit vite. Simple comme un coup de fil.
Jaloul n’oublie surtout pas d’éteindre les chaussettes en sortant de la pièce, merci de continuer la rencontre et merci toujours d’être là. Je t’aime fort mon amie.
Merci infiniment à toutes les personnes qui me témoignent gratitude et passion, toutes ces personnes qui me font garder confiance en moi, qui souhaitent s’inscrire au stage et même si ça n’arrive jamais, nos discussions me rendent plus fort.
JENNA
Retour de stage
« Je suis ravie d’avoir reçue ton mail ce matin. Merci Paul.
Ce stage d’été correspond à un moment que j’attends avec impatience. Retrouver un lieu familier, être ensemble à nouveau et un peu plus avec soi aussi.
Je suis reconnaissante d’avoir passé une nouvelle semaine au Melting-Pot. Comme tu le dis à juste titre Paul, je suis arrivée trop confiante ! En réalité, c’était pour voir jusqu’où je pouvais gérer mes émotions mais aussi pour laisser la place à d’autres ressentis. Et puis c’était un peu le bazar dans ma tête en arrivant. Il m’a fallu le temps de faire le tri. Entre la petite appréhension d’être dans un nouveau groupe et l’envie de mettre les nouvelles en confiance ou plutôt de bien les accueillir. Entre le fait de se laisser porter et avoir vraiment envie de le faire mais le besoin de vouloir (presque tout) contrôler !
Et ce qui reste de cette semaine d’introspection, de créations, de partages, d’émotions et de rires c’est un cercle vertueux dont je ne voudrais jamais sortir. Et je sais qu’il ne tient qu’à moi pour en créer un nouveau ailleurs. Pour ça je dois vaincre mes peurs. Peurs que j’ai pu exprimer sans craindre d’être jugée.
Le stage d’été Paul Peinture est d’utilité publique. Ce qu’apporte plus largement des moments comme une telle semaine me fait penser à un art japonais ancestral. Le kintsugi consiste à réparer des porcelaines en céramiques avec jointures d’or. Pendant le stage, nous sommes toutes et tous une porcelaine et simultanément une jointure d’or que nous venons délicatement déposer sur chacun.e d’entre nous.
On ressort du stage plus fort.e, orné.es de jointures d’or.
Tout a pris forme en une semaine. Ce n’est pas la nostalgie qui me traverse quand je pense à notre séjour nivernais, mais plutôt de la fierté, de la joie et des petits bonheurs précieux. Sans jamais avoir eu honte de mon nom de famille, c’était la première fois que je ressentais une telle fierté en signant la grande toile. Et ça fait du bien.
Ce stage m’a permis d’éliminer des cases noires de mon cœur et de mes idées pour libérer de la place à des choses nouvelles que je choisirai. »
JALOUL
« Tu t’es surpassé mon ami du cœur ! J’adore être encore épatée, après tant d’années. Merci Paul pour tout. Pour les surprises, pour le voyage artistique, pour le juste, le beau, l’authentique. »
LUCIE
« Merci beaucoup pour ce stage Paul ! C’était vraiment une très bonne semaine pour moi. C’est très beau de vivre ça. »