Nous nous sommes bien amusé/es avec Rouge Hartley au début du mois d’octobre 2024. Dans le cadre du festival des Vibrations Urbaines organisé par la ville de Pessac j’ai proposé à Jessica de m’accompagner sur différents bricolages artistiques. Nous sommes entre autres intervenu/es ensemble sur les murs de la fac (UBM Pessac), au pied de la Maison des Etudiantes et Etudiants. Pour approfondir nos recherches nous sommes allé/es à la rencontre d’habitantes du quartier de Saige. Après plusieurs temps d’écriture, de rencontre, de peinture menée en juillet aux côtés de l’ASTI (Association de Solidarité et d’aide avec Toutes et tous les Immigré.es) et la bibliothèque Pablo Neruda.
Voici quelques mots écrits par Jessica en juin dernier alors que tout était encore à construire et le meilleur à venir.
« Quelles enfances, quels inconscients avons-nous à partager ?
Il y a en nous des parts distinctes et pourtant communes. Nous retrouvons au détour d’une odeur, d’un air de musique ou d’un goût des souvenirs informels, la mer chaude de nos enfances. Nous avons pour habitude de penser la multiculturalité en nommant nos différences ou nos points communs constituées, les choses que nous avons acquises tout au long de nos vies, et qui semblent nous définir ; c’est pourtant à la part floue, indéfinissable et sensible à laquelle nous espérons nous adresser ici, dans ce qu’elle a de commun, mais aussi d’irréductiblement unique.
La cuisine est apparue lors des rencontres avec les habitantes comme une fabrique effective de convivialité et d’histoires, tissée de gestes hérités et d’invention singulière. La cuisine est ici un savoir-faire, parfois l’horizon d’un métier, une charge quotidienne autant qu’une fête dans des vies parfois précaires.
Lors d’un atelier de cuisine collective en septembre, nous proposons à des femmes du quartier de décaler la franco-française Madeleine de Proust, en invitant les participantes et participants à inventer la leur, à convoquer leurs enfances, à nous les conter en texture, en parfums et en goûts. En capturant des gestes qui en disent long, nos fresques témoignent d’un réel moment vécu, à la croisée des chemins différents et uniques rencontrés. »
Comme à la fin de chaque projet, il y a cette case par laquelle il faut passer : les remerciements. C’est une tâche que je trouve très difficile et pour être honnête avec vous je crains toujours d’oublier le ou la personne à remercier. Mais j’aime bien.
Je tiens dans un premier temps à remercier la Ville de Pessac, le festival des Vibrations Urbaines. Merci François Szark, adjoint à la jeunesse et à la vie étudiante d’être venu à l’inauguration.
Merci Jean, Emmeline, Aymeric équipe en or VU 2024.
Merci à toutes et à tous d’être venu/es nous saluer et nous donner de la force pendant cette quinzaine.
Merci l’Université de Bordeaux Montaigne, son service culture, Johanna, Jeanne. Merci pour l’accueil et toute la chaleur dont on avait besoin que vous nous avez porté sur un plateau au fil des jours. Merci Mr le directeur culture Pierre et Mr le vice-président de l’université François-Xavier.
Merci de tout mon cœur à Jessica, Rouge Hartley de son nom d’artiste d’avoir accepté mon invitation. On a fait, je crois, une belle équipe. On a surtout fait ce que l’on a pu avec ce que la vie nous a offert à ce moment. Merci pour ton geste pictural juste et sincère loin d’une vie lisse et d’un vide que l’on retrouve souvent dans de nombreuses démarches de notre milieu. Je suis très heureux de nos échanges. J’espère qu’ils continueront telle une conversation sans fin et sans effort. La parenthèse est ouverte.
Merci à l’incroyable Chachou pour tous les temps partagés et l’énergie reçue. Merci Cerise pour les rires et les épisodes boulangerie.
Ce projet a été créé en partenariat avec l’ASTI Association de Solidarité avec Toutes et tous les Immigré.es. Merci Marie et toutes les femmes de Saige Ayaba, Leila, Merry Zohreh Nessrine Ayssatou Nawel Sandra Tatiana.
Merci Isabelle Jantorre de la Bibliothèque Pablo Neruda. Merci le centre social de Saige et merci les cheffes nomades.
Une pensée aux familles Bauer Steinback Helfrick Roch et Belli. À Peyton Esquise Maywen et toute la bande. Je pense très souvent à vous.
Merci Pascal et Valentine pour les photos. À toutes et tous les étudiantes et étudiants rencontrées cette semaine-là ou celles et ceux que je vois grandir à vitesse grand V.
PAUL PEINTURE
« Je trouve le monde et les relations humaines de moins en moins simples. A mes yeux, la seule solution pour changer cela n’est pas d’éclairer plein phare et faire semblant de « vivre ensemble » mais de le faire ensemble.
Toute cette aventure est belle mais tellement difficile.
J’avais écrit un long discours pour le jour du vernissage mais il est bien trop long pour être publié ici. Quelques photos racontent en dit un peu plus sur cette aventure inoubliable. Et bien sûr, je vous en dirais un peu plus lorsque nous nous verrons dans la vraie vie.
Beaucoup de pluie, de paresse parfois la flemme. Salutation, présentation, gens du voyage et voyage de gens. Les caravanes sont là sur la place où nous intervenons avec mon amie Jessica.
Premier jour lorsque les enfants se réveillent, très vite la magie opère. Parce qu’on se regarde, parce qu’on s’écoute, sans se donner de réponse. Peut-être que le temps le fera. Souvenir inoubliable de la première soupe dans un verre en plastique, salutation de chaque famille, présentation, découverte et rires. Des vies se croisent, on croise plein de vie. Peintre mais acteur social avant tout. Deuxième repas, toujours la soupe dans un gobelet en plastique.
Le mur n’avance pas beaucoup mais le temps qu’on passe lui est beau.
Les gobelets en plastique sont remplacés par de la porcelaine. La Iza qui me dit : « tu sais Paul si mon mari t’offre à boire ou à manger dans nos couverts, ceux avec lesquels on mange nous les manouches, ceux qu’on se transmet de génération en génération : c’est comme si tu faisais partie de la famille ». Avec les enfants, on fait plein d’ateliers.
Premières larmes de joie mais aussi de tristesse. Ça ne va pas être simple la fin. Le bureau de Johanna et les cafés continuent dans mes pensées de se tenir la main pour venir nous voir en file indienne. Il reste les sourires, la peinture sur le mur et encore du goût dans nos histoires
Nous sommes fier/es et heureux/se fier/es de vous présenter le goût des choses, la saveur et les senteurs de ces histoires, des femmes de Saige, des gens du voyage… »